LE KAVE SE REBIFFE

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samedi 30 septembre 2017

SURTOUT DES JEUX...


"Le spectacle du monde, disait Pythagore, ressemble à celui des jeux olympiques : les uns y tiennent boutique et ne songent qu’à leur profit ; les autres y payent de leur personne et cherchent la gloire ; d’autres se contentent de voir les jeux, et ceux-ci ne sont pas les pires."
Emile, ou De l’éducation Livre IV - Jean-Jacques Rousseau



On avait déjà eu l'occasion d'en causer et d'en débattre à la Kave, mais cette fois, ça y est (certes depuis un moment) les Jeux sont à Paname.
Paris resplendit.
Paris a enfin ses JO.
Paris est l'élue. 
Paris tient son rêve olympique. 
Tout cela a bien commencé d'ailleurs à ce niveau...
Qu'on le veuille ou non, les faits sont là, Paris a remporté une victoire face à... personne pour obtenir l'organisation des JO 2024 et ce, malgré une opposition francilienne qui a été rigoureusement ignorée, alors qu'il existait des rebiffeurs à l'idée de ces jeux, on en lira une dans quelques instants...
Des avis de partout sont pour ou contre les JO à Paris, c'est d'ailleurs le but objectif de la vidéo proposée plus haut où sont présentés les arguments des deux camps et ainsi choisir son "camp".  Bien sûr, tout ceci est derrière nous, c'est voté c'est plié.
Seulement, les arguments des "contres" n'ont eu que peu voix au chapitre dans les grands médias, et ça c'est embêtant. Parler d'un référendum pour l'île de France concernant ce sujet était quasiment une grossièreté ces derniers mois puisque tous les sondages disaient que les "Parisiens" étaient pour...
Enfin si les instituts de sondages le disent, c'est que cela doit être vrai, tiens vous avez été sondés vous à ce propos? 
 Or, c'est contrariant tout de même, cela ne concerne pas que les habitants de Paname cette petite affaire des JO, mais bien toute la région île de France. 
Mais pas besoin de consultation, on va faire comme d'habitude hein, ça marche très bien comme ça de toute façon non?
Au zinc de la Kave, on est mitigé sur cette organisation, on aurait aimé une vraie réflexion collective sur cette candidature et une prise en compte d'une consultation citoyenne afin de déterminer correctement si il était vraiment nécessaire "d'acquérir" ces JO, comme cela s'est passé dans toutes les villes qui ont refusé les JO 2024 et qui nous ont donc "obligé" à affronter la terrible concurrence de... personne...
A suivre au comptoir kaviste, l'avis de Cécile Vrain du Podcast Journal qui pose quelques questions rebiffeuses intéressantes...


Du pain et des jeux, enfin surtout des Jeux.
Un texte de Cécile Vrain, issu du Podcast Journal.

Après avoir tergiversé et émis des doutes certains sur l’intérêt d’organiser une telle manifestation, la maire de Paris a pleuré de joie à l’énoncé de la victoire de sa ville. Cette élasticité mémorielle des hommes et des femmes politiques restera toujours un sujet d’étonnement pour le commun des mortels.

Victoire en trompe-l’œil car encore une fois, plus aucune autre ville n’était candidate et pour cause. Rome, Hambourg et Boston ont toutes abandonné cette prétention. Parfois après avoir consulté leur population peu désireuse de payer la grand-messe du sport ou tout simplement par sagesse. En effet, faut-il rappeler que les jeux olympiques comme les coupes du monde de football sont sources de profondes injustices économiques et sociales.

A l’heure actuelle, le budget prévisionnel mais surtout évolutif est de 6,2 milliards d’euros. Rappelons que l’Euro 2016 avait déjà coûté deux milliards d’euros à l’Etat, c’est-à-dire à nous contribuables, amateurs ou non de football. Ces dépenses n’ont évidemment pas été consacrées essentiellement à la rénovation de stades dont nos chères têtes blondes ont pu par la suite profiter, leur permettant ainsi de ne pas traîner dans les rues et d’avoir des activités physiques. La sécurité surtout a nécessité un budget important et par définition volatile. Et pour les Jeux ce sera pire. La menace d’attentats imposera des mesures de sécurité qui encore une fois dans un contexte d’état d’urgence, permettront à nos dirigeants de justifier une présence policière et militaire.

A titre d’exemple, souvenons-nous que d’autres Jeux organisés dans des capitales avaient vu leur budget augmenté jusqu’à 1.130% pour Pékin ou plus proche de nous à Londres de 127% pour un budget global de 11.1 milliards d’euros.

Les jeux du cirque n’ont décidément guère évolué depuis l’Antiquité. Après les exercices mémoriaux, nous avons les prestidigitateurs, les baragouineurs et les manipulateurs. En effet, comment convaincre les Français que d’un côté les mesures d’austérité imposées par le gouvernement soient indispensables et d’un autre côté leur proposer des jeux à ce prix-là? D’autant plus que ce n’est pas comme si nous n’avions jamais organisé de Jeux olympiques chez nous et que nous puissions penser qu’on fera mieux que les autres.



La faillite du projet économique étant dressée, enfonçons le clou avec l’image éthique véhiculée par les Jeux sous l’égide de la loi olympique censée transcender toutes les autres pendant le temps de leur préparation et de leur déroulement. Travailleurs illégaux exploités, intérimaires, prostitués sont les futures victimes de la précarité et d’un dumping salarial assuré. Peut-on pour autant aller jusqu’à parler de démantèlement progressif du droit au travail? Dans le contexte actuel, cela ne peut qu’avoir un écho déroutant.

Et qu’en sera-t-il de l’empreinte carbone de l’événement sur le pays? Les multinationales des travaux publics vont s’en donner à cœur joie, transformant les Jeux olympiques en jeux du béton ou en cathédrales du désert pour citer la maire de Rome. Il suffit de visiter Londres ou Athènes pour voir les friches et autres vestiges des jeux abandonnées à leur triste sort.

Les élus parisiens ont eux préféré, contrairement à d’autres, ne pas organiser de référendum ou d’autres consultations afin de ne prendre aucun risque. Il est vrai que dans ces cas-là, on entend plus souvent les anti que les pro. Mais quand les élus commencent à avoir peur de la démocratie, ce n’est jamais bon signe. Surtout, il n’est pas trop tard pour réagir. Déjà en 1976, Denver au Colorado, après avoir obtenu les Jeux d’hiver avait sous la pression de ses habitants dû faire marche arrière. Ceux-ci s’y étaient opposés pour des raisons économiques et écologiques… comme c’est curieux.

Alors pourquoi les Jeux? Les gouvernants français ont-ils besoin de cette opération de prestige pour occuper le peuple et donner l’impression de répondre à ses inquiétudes?

Par Cécile Vrain